CNDA, 22 avril 2022 , n°22003487:
« Les déclarations précises de Madame à devant la cour
lors de l’audience publique ont permis de tenir pour établir sa nationalité, son
appartenance au clan Boone affilié au clan tumal ainsi que sa provenance de Farsooley
[au Sud de Qoryooley] situé dans l’état du Bas Shabelle
Elle a relaté en des termes personnaliser les graves sévices
dont elle a été victime par des bandits aux abords de son village…
Son conjoint a été enlevé en 2019 en raison de son refus de
rejoindre personnellement [les miliciens Al-Shebab].
Il résulte de ce qui précède que la situation sécuritaire
prévalant dans le Bas-Shabellequi compte parmi les plus préoccupantes de
Somalie doit toujours être regardée à la date de la présente décision comme une
situation de violence aveugle au sens
des dispositions du 3°de l’article L.512 -1 du code de l’entrée et du séjour
des étrangers et du droit d’asile. Ne s’étant pas dégradée de façon
significative au cours de l’année 2021, son intensité n’atteint toutefois pas
un niveau tel que toute personne serait exposée, du seul fait de sa présence
sur le territoire concerné, à une atteinte grave au sens de l’article
L.512-1-3° du Ceseda.
En outre pour rejoindre sa région d’origine Madame A.devra d’une
part transiter par Mogadiscio où se trouve l’aéroport International le plus
proche de sa localité et d’autre part traverser la région du Bénadir à laquelle
la capitale est administrativement rattachée
Dans ces conditions il y a lieu de tenir compte de l’existence
le cas échéant d’un indice sérieux de risques réel de subir des atteintes graves
et il appartient à la requérante d’apporter tous éléments relatifs à sa
situation personnelle permettant de penser qu’il court un tel risque .
Or à ce titre le rapport du Secrétaire général des Nations
Unies numéro S/2021/312 du 30 mars 2021 soulignent que la combinaison de la
prolongation du conflit en Somalie, des crises humanitaires successives et de l’inégalité
structurelle imposée aux femmes somaliennes exposent ces dernières à des
niveaux de violence sexuelle liée au conflit. L’UNSOM a notamment relevé 419
cas de violences sexuelles avérées,
commises par les militants Al-Shabab et les milices claniques, tandis que les forces étatiques se sont rendues
responsables de 41 occurrences avérées de violences sexuelles. L’augmentation
des violences a été relevée tant par l’UNSOM que par le UK Home Office, dans un
rapport « Somalia : Women fearing gender-based violence » d’avril
2018.
L’utilisation du viol comme arme de guerre est
particulièrement répandue.
Ainsi Madame à dont la qualité de civil la nationalité et la provenance sont établies serait exposée en cas de retour en Somalie et notamment à Mogadiscio, à Bénadir par où elle devrait transiter pour se rendre dans sa région d’origine, à de graves sévices et serait ainsi particulièrement vulnérable en tant que femme isolée dans le contexte de violence rappelé précédemment .
Il résulte de ce qui précède qu'elle établit être exposée à des atteintes graves au sens de l'article L.512-1-3° du ceseda, en cas de retour dans son pays en raison de la particulière vulnérabilité que lui confère son statut de femme isolée sans être en mesure de bénéficier de la protection effective des autorités. Ainsi, Mme A.doit se voir accorder le bénéfice de la protection subsidiaire».
Commentaires
Enregistrer un commentaire