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Sénégal Homosexualité Statut de réfugié

CNDA 24 septembre 2021, n°21 01 45 29 

 "...Un groupe social est, au sens des dispositions de la Convention de Genève constitué de personnes partageant un caractère inné, une histoire commune ou une caractéristique essentielle à leur identité et alors conscience auquel il ne peut leur être demandé de renoncer et une identité propres perçu comme étant différente par la société environnante ou par les institutions. En fonction des conditions qui prévalent dans un pays, des personnes peuvent, en raison de leur orientation sexuelle, constituer un groupe social au sens de c'est disposition. Il convient, dès lors, dans l'hypothèse où une personne sollicite le bénéfice du statut de réfugié en raison de son orientation sexuelle, d'apprécier si les conditions existant dans le pays dont elle a la nationalité permettent d'assimiler les personnes se revendiquant de la même orientation sexuelle un groupe social du fait de regard que porte sur ces personnes la société environnante où les institutions et dont les membres peuvent craindre avec raison d'être persécution être persécuté du fait même de leur appartenance à ce groupe. Il résulte de ce qui précède que l'octroi du statut de réfugié du fait de persécutions liées à l'appartenance à un groupe social fondée sur une orientation sexuelle commune ne saurait être subordonné à la manifestation publique de cette orientation sexuelle par la personne qui sollicite le bénéfice du statut de réfugié. D'une part, le groupe social n'est pas institué par ceux qui le composent, ni même du fait de l'existence objectif de caractéristiques qu'on leur prête mais par le regard que porte sur ces personnes la société environnante ou les institutions. D'autre part, il est exclu que le demandeur d'asile doivent, pour éviter le risque de persécution dans son pays d'origine, dissimuler son homosexualité où faire preuve de réserves dans l'expression de son orientation sexuelle. L'existence d'une législation pénale qui réprime spécifiquement les personnes homosexuelles permet de constater que ces personnes doivent être considéré comme formant un certain groupe social. L'absence d'une telle législation ne suffit pas à établir que ces personnes ne subissent pas de persécution en raison de leur orientation sexuelle. Des persécutions peuvent en effet être exercées sur les membres du groupe social considéré sous couvert de dispositions de droit commun abusivement appliqué on part des comportements émanant des autorités ou encourager favoriser ou même simplement tolérer par celle-ci.

 Dès lors que le paragraphe 3 de l'article 319 du code pénal sénégalais punit d'une peine de prison allant d'un an à 5 ans et d'une amende comprise entre 100000 et 1500000 francs CFA, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe, les personnes homosexuelles constituent au Sénégal un groupe social au sens de la Convention de Genève. 

Il ressort par ailleurs de l'ensemble des sources publiques disponible, comme le rapport du département d'État des États-Unis sur la pratique des droits de l'homme au Sénégal de 2019, le guide de l'information établi en 2017 par le ministère Canadien de l'immigration, de la diversité et de l'inclusion sur les réalités juridique et sociale des minorités sexuelles dans les principaux pays d'origine des personnes nouvellement arrivé au Québec ou bien encore le rapport intitulé les droits humains en Afrique, rétrospective 2019, publié par un Amnesty international le 8 avril 2020 que les dispositions pénales répressives sont effectivement appliquées au Sénégal. Les personnes homosexuelles ils sont l'objet de manifestations d'hostilité, date homophobe et de graves violences de la part de la population ainsi que d'importantes discriminations, l'homosexualité étant largement tabou au sein de la société sénégalaise. À ce titre le rapport d'Amnesty International relève qu'en 2019, le Sénégal a réaffirmé devant le comité contre la torture qu'il ne dépénaliserait pas les actes contre nature, - 11 personnes ont été arrêtés en raison de leur identité de genre ou de l' orientation sexuelle, réel ou présumé, dont 9 ont été condamnées à des peines allant de 6 mois à 5 ans d'emprisonnement et que les défenseurs des droits humains qui se mobilisent en faveur des droits des lesbiennes des gays et des personnes bisexuelle transgenre ou intersexe  ont été victimes de campagne de dénigrement et de menaces de mort, craignant pour leur sécurité plusieurs ont dû fuir le pays enfin, les personnes homosexuelles ne peuvent se prévaloir de la protection des autorités celle-ci réprimant elle-même leur orientation et étant par ailleurs auteurs de violences et de nombreux abus. Ainsi l'ensemble de ces éléments permet de considérer que les personnes homosexuelles sont susceptibles d'être exposées au Sénégal à un risque de persécution en raison de leur orientation sexuelle...".


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