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Afghanistan Réfugié Afghans occidentalisés

Par une décision n°21025029 du 4 janvier 2022, la CNDA (5ème section, 1ère chambre)a jugé que:


"...4.Néanmoins, en second lieu, il peut être établi que Mr.R. a quitté l'Afghanistan au cours de l'année 2015 et vit en France depuis le mois de juillet 2019. Pour ce motif, ces éléments risquent d'être interprétés par les taliban comme les signes d'une occidentalisation. En effet, il ressort du rapport du Bureau européen d'appui en matière d'asile (BEAA) Afghanistan: individus ciblés par les normes sociétales et juridiques de décembre 2017, que: "les expulsés et les migrants afghans de retour dans leur pays sont considérés avec suspicion et sont parfois vus par leur famille et leur communauté comme "contaminés" par l'Occident, accusés de s'être "occidentalisés" et d'être devenus "non islamiques" pendant leur séjour en Europe, tels que dans le cas des adolescents et jeunes hommes "avec des signes visibles et invisibles de leur changement culturel" identifiables par des différences vestimentaires, comportementales et d'accent". Il ressort également d'autres sources publiques consultées et notamment du rapport de l'OSAR, publié le 26 mars 2021 et intitulé Afghanistan: risques au retour liés "à l'occidentalisation" qu'être allé en Europe est un motif de persécution suffisant aux yeux taliban. Ce rapport affirme en effet que "l'émigration vers l'Europe est perçue par les taliban comme un acte de résistance politique", ce qui a pour conséquence de mettre en danger de mort les individus perçus comme opposants, qui seraient alors déclarés comme apostats, espions ou étrangers. L'attitude ambigüe des taliban depuis leur prise de pouvoir le 15 août 2021 n'apporte en outre aucun éclaircissement positif sur la manière dont les Afghans de retour au  pays seront traités. De fait, le site de la Ligue des droits de l'Homme en France relève que leur porte-parole a affirmé le 30 août 2021 que les Afghans expulsés d'Europe seraient nécessairement "traduits en justice". Dans ces conditions, le requérant serait donc une cible particulière des taliban en cas de retour dans son pays d'origine. Ainsi, il résulte de ce qui précède que Mr R. craint avec raison, au sens des stipulations précitées de la Convention de Genève, d'être persécuté en cas de retour dans son pays en raison des opinions politiques qui lui seraient imputées. Dès lors, il est fondé à se prévaloir de la qualité de réfugié."


cf aussi dans le même sens:

https://denisseguinavocat.blogspot.com/2021/12/afghanistan-refugie-afghans.html


A comparer avec une décision publiée le 30 décembre 2021 sur le site de la CNDA:

http://www.cnda.fr/content/download/186744/1798592/version/1/file/CNDA%2029%20novembre%202021%20M.%20A.%20n%C2%B021025924%20C%2B.pdf




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