lundi 14 février 2022

Afghanistan Statut de réfugié père lieutenant-colonel de l'armée nationale afghane

 CNDA, 8 février 2022, 1ère section, 2ème chambre, n° 21038589:


"§4.  Les déclarations détaillées faites par Monsieur P. ont permis à l'audience d'établir sa nationalité afghane, sa provenance de la province de Kaboul ainsi que l'appartenance de son père à l'armée nationale afghane. Si la note en délibéré produite par l'Office permet de remettre en cause la légalité de la taskera présentée par le requérant cet élément ne permet toutefois pas d'infirmer l'analyse faite par la Cour sur son identité et sa nationalité afghane. Il a su apporter de nombreuses précisions sur les fonctions de lieutenant-colonel de son père au sein de l'armée nationale afghane et les circonstances de son meurtre par les talibans. Il a su expliquer de manière cohérente ses craintes en cas de retour du fait des opinions politiques qui lui sont imputés par les talibans en lien avec son père. L'arrivée au pouvoir des Talibans ajoutent à la réalité de ces craintes en cas de retour. Ses propos ont également été détaillées s'agissant du conflit foncier. qui oppose sa famille à une famille rivale et des violences ayant eu lieu entre les différentes parties. Cet élément accentue son profil à risque en pas de retour. Ainsi, il résulte de ce qui précède que Monsieur P. craint avec raison, au sens des stipulations précitées de la Convention de Genève, d'être persécuté en pas de retour dans son pays en raison des opinions politiques qui lui sont imputés. Dès lors, il est fondé à se prévaloir de la qualité de réfugié..."


Une note en délibéré avait été produite par l'OFPRA faisant état du caractère illégal du document d'identité présenté par le requérant. Nous y avions répondu par une note en délibéré.

L'article 47 du code civil dispose que : " Tout acte de l'état civil des Français et des étrangers fait en pays étranger et rédigé dans les formes usitées dans ce pays fait foi, sauf si d'autres actes ou pièces détenus, des données extérieures ou des éléments tirés de l'acte lui-même établissent, le cas échéant après toutes vérifications utiles, que cet acte est irrégulier, falsifié ou que les faits qui y sont déclarés ne correspondent pas à la réalité ".L'administration doit apporter des éléments suffisants pour ébranler la force probante des documents étrangers d'état civil produits. 

 La Cour européenne des droits de l’homme considère notamment, à titre d’illustration, que les autorités françaises ne peuvent pas systématiquement refuser la délivrance d'un visa en raison du caractère apocryphe des actes de naissance présentés sans examiner les autres éléments de nature à justifier du lien de filiation (CEDH, 10 juill. 2014, aff. 52701/09,  Mugenzi c/ France CEDH, 10 juill. 2014, aff. 2260/10,  Tanda-Muzinga c/ France CEDH, 10 juill. 2014, aff. 19113/09,  Senigo Longue et a. c/ France).

La Cour de justice des Communautés européennes (devenue Cour de justice de l'Union européenne - CJUE), à l'occasion d'un litige opposant une ressortissante grecque à une caisse de retraite allemande, s'est pour sa part penchée sur la force probante des documents dressés selon la loi locale et en particulier sur un jugement rectificatif d'état civil. Selon elle les institutions nationales compétentes en matière de sécurité sociale et les juridictions nationales d'un État membre sont tenues de respecter les certificats et actes analogues relatifs à l'état des personnes qui émanent des autorités compétentes des autres États membres « à moins que leur exactitude ne soit sérieusement ébranlée par des indices concrets se rapportant au cas individuel en cause » (CJCE, 2 déc. 1997, aff. C-336/94,  Dafeki Eftalia c/ Landesversicherungsanstalt Württemberg).

En l’espèce, les éléments avancés par l’OFPRA ne suffisent pas à considérer que le document d'état civil est falsifié. La seule circonstance relevée par le rapport de la police aux frontières que le document reprendrait les caractères apocryphes d’une fiche « alerte FA 13/2013 » et qu’il serait entièrement réalisé en laser toner au lieu d’offset ne permet pas d’en déduire nécessairement qu’il s’agirait d’une contrefaçon. Cette circonstance n’établit pas non plus que l’identité, comme l’âge de l’intéressé seraient inexacts. Le requérant avait obtenu ce document alors qu’il était âgé de 7 ans pour lui permettre d’être scolarisé. Il a toujours considéré ce document comme authentique et conforme à la législation de son pays de nationalité. Par ailleurs, l’OFPRA n’a jamais fait état auparavant de ce document de la police aux frontières en date du 18 décembre 2020, alors que la décision de l’OFPRA est du 8 juillet 2021.

L’OFPRA n’avait pas manqué de relever dans sa décision que les déclarations de l’intéressé « ont démontré une bonne connaissance générale de sa localité d’origine et se sont révélées suffisamment convaincantes sur son parcours de vie et son vécu au quotidien dans un village contrôlé par les autorités afghanes… ». Il a également retenu que : « …ses déclarations sur son quotidien de vie dans ce contexte sont apparues spontanées… ». Ni la nationalité ni la provenance de l’intéressé n’ont été contestées.

mercredi 2 février 2022

OQTF Etudiant marié Annulation article 8 cedh

 Jugement du tribunal administratif de Nantes du  1er février 2022,n°2101809:


Concernant le refus de renouvellement du titre de séjour étudiant, le tribunal administratif confirme l'appréciation du préfet, au motif que l'intéressé a obtenu seulement un diplôme de licence après 10 années d'études supérieures en France.

Concernant l'obligation de quitter le territoire français et la décision fixant le pays de destination, au visa de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, le tribunal a jugé que.

" Il ressort des pièces du dossier qu' à la date de l'arrêté attaqué, Monsieur A...résidait régulièrement et de manière habituelle en France depuis plus de 10 ans. Il est marié depuis le 20 juillet 2015 avec une ressortissante libanaise qui réside régulièrement en France depuis le 5 septembre 2013, quand bien même. serait-ce à la faveur d'une carte de séjour temporaire portant la mention étudiant et qui, à la date de l'arrêté attaqué et après avoir été titulaire d'une carte de séjour temporaire valable du 20 novembre 2018 au 19 novembre 2020 et titulaire d'une carte de séjour temporaire valable du 24 décembre 2020 au 23 décembre 2021 . De ce mariage est né en France le 28 juin 2016 un enfant qui réside avec ses 2 parents à Angers. Les époux résident ensemble en France au moins depuis cette naissance. Si le 11 septembre 2015, l'intéressé avait déclaré être célibataire, le document que présente le préfet est ancien et la possibilité, pour le requérant, de se prévaloir de son mariage, qui est intervenu à l'étranger conformément à la loi personnelle des époux, n'est pas subordonnée à une reconnaissance préalable en France de ce mariage. Compte tenu de la durée et des conditions du séjour en France de Monsieur A... l'obligation que lui fait l'arrêté attaqué de quitter le territoire français, porte au droit au respect de la vie familiale de l'intéressé une atteinte disproportionnée au but en vue desquelles cette décision a été prise. Et ainsi méconnu, les stipulations de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales".

Le Tribunal a également visé la convention relative aux droits de l'enfant signée à New-York le 26 janvier 1990.



Statut de réfugié Opposition à mariage forcé Côte d'Ivoire

  COUR NATIONALE DU DROIT D’ASILE  N° 24002156    19 avril 2024  (6 ème Section, 2 ème Chambre) "...Sur la demande d’asile :  1. Aux te...